Santander, en Cantabrie, nord de l’Espagne. Suite à une insomnie, j’arpente la ville de nuit. Le bord de mer est frais à quatre heure du matin et marcher me tient chaud. Aux premières lueurs du jour, un bistrot ouvre enfin ses portes. Mes mains se détendent doucement au contact de la grande tasse de café au lait. Je sors mon carnet du sac à dos.
J’ai deux méthodes pour choisir un point de vue. La première est une chasse au trésor. J’aspire à un panorama splendide avec une lumière idéale, une profondeur de plans, une charge symbolique forte. Je furète en surveillant la course du soleil, m’arrête, reviens sur mes pas, me demande si l’ombre ne serait pas plus belle dans la rue suivante, si l’herbe ne serait pas plus verte dans le champ d’à côté. Le plus souvent, cette quête de l’impossible s'achève quand la fin du jour me pousse au compromis. La deuxième méthode est d’apparence beaucoup plus statique. Je m’assois au hasard - généralement parce que l’endroit est confortable - et tente de déceler la beauté de la vue qui s’offre à moi. Le mouvement est interne. Mon corps est immobile, mais mon impression évolue. Parfois je ne cherche rien et je suis frappée par une évidence : c’est le coup de foudre.
Quelle que soit la méthode choisie, les étapes sont toujours les mêmes : d’abord ressentir, ensuite dessiner.