L’aventure du musée des Beaux Arts m’a tellement plu que le lendemain, je visite Séville avec deux feutres en poche. C’est parti pour les poses rapides.
La question que j’ai le plus entendue ces dernières années est : Combien de temps ça t’a pris de faire ce dessin ? Au début, ça m’agaçait. J’aurais préféré recevoir des impressions, même mauvaises, plutôt que d’être interrogée sur mon efficacité, et donc ma rentabilité.
Les années passant, je reconnais qu’il peut s’avérer difficile d’exprimer son ressenti ou son opinion dans un domaine inconnu. Le temps est une donnée concrète plus simple à interroger. J’ignore tout de l’oenologie. Au vigneron qui voudrait savoir quel goût fleurit sur mon palais, je me vois bien demander : Et sinon, c’est long de tailler un rang de vigne ?
La beauté d’une oeuvre ne dépend pas du temps nécessaire à sa création. Un artiste n’est pas meilleur parce qu’il peint vite. Un calligraphe japonais peut produire une merveille d’un simple geste après s’être exercé pendant cinquante ans. Un facteur Cheval consacrera l’intégralité de sa vie à son chef-d’oeuvre sur un coup de tête.
Le chronomètre est un outil pour s’exercer. Pour le reste, on se fout du temps. On prend celui qu’on peut, celui qu’il faut, et c’est très bien comme ça.