Retour à l’hôtel. Cette fois, je rencontre Solance-Marie.
Je sais qu’elle est catholique. Les trois femmes de ménage partagent un petit autel derrière la cage d'escalier. Shiva, Ganesh et la vierge Marie vivent en paix sur cette étagère couverte de fleurs séchées. Un jour, je désigne la statue de la vierge et Vajaya me dit : «C’est la statue de Solance-Marie…».
«Je me suis mariée à l'église avec Joseph-Mariett-Selvam quand j’avais 17 ans. Aujourd’hui, j’en ai 36. Nous avons trois enfant : un fils de 18 ans et deux filles, de 15 et 13 ans. Ils sont tous scolarisés. Mon fils aimerait travailler dans le droit, et mes deux filles aimeraient être maîtresses d'école.
Pour moi, il a toujours été évident que j'épouserai un catholique. De manière générale, les familles désapprouvent les unions de religions mixtes. Surtout les famille musulmanes et catholiques. Les hindous, peut-être, acceptent plus, mais je n'en suis même pas sûre. Parfois, ça peut arriver quand même. Si vraiment les deux jeunes gens s'aiment très fort, alors il faut en parler. Finalement, peut-être que ça dépend plus des familles que des religions elles-mêmes. Enfin, ce qui est sûr, c’est que si les jeunes gens veulent se marier, la femme doit impérativement changer de religion.»
Je demande à Solance-Marie si elle pense qu'un homme pourrait être capable de se convertir par amour pour une femme.
«Certainement pas. C’est toujours la femme qui doit changer de religion, pas l’homme.»
Puis elle tapote ses lèvres du bout des doigts en me jetant un regard complice.
«Tu sais, notre parole ne compte pas.»