Samantha Szabo, dite Sam, accompagnait Eileen à la manifestation contre l’ICE. Elle édite aussi des fanzines : elle a commencé par écrire, puis progressivement elle est venue au dessin. Chez elle aussi, les étagères sont remplies de revues. Son colocataire a une bonne imprimante, c’est lui qui édite les magazines pour toute la bande de copains.
Sam est transgenre. Elle est née avec un corps de garçon. Ses deux derniers fanzines, intitulés Girl Hell, sont des journaux intimes dans lesquels elle relate le long parcours, de la prise de conscience à la prise d’hormones, qui lui a permis de devenir «elle». Choisir un pronom féminin a notamment été une étape clé de sa métamorphose.
«La question du pronom est cruciale. C’est difficile à comprendre pour les gens qui ne connaissent rien au monde des transgenres. Quand on est mal dans son corps, que l’on ne se sent ni homme ni femme, ou bien les deux, l’aspect binaire masculin/féminin du langage nous exclu. Trouver un terme qui crée l’entre-deux nous offre indirectement une place dans la société.
Aux USA, les transgenres remplacent "him" ou "her" par "they"*. Par exemple, si tu parles d’Eileen, il faut dire "they". Parler d’une seule personne en utilisant un pronom pluriel demande un effort, ça change la syntaxe. C’est un peu compliqué mais on s’y habitue. De mon côté, j’ai longtemps opté pour le "they", mais maintenant je préfère "her"».
(ND : * En français, l’équivalent neutre le plus courant est «iel», qui remplace «il» ou «elle»).