Retour à Bridgeport. Depuis le début du séjour, j’ai remarqué la belle église qui pointe son dôme vert-de-gris derrière le balcon de Lucie et Nick.
Quand je me décide à la peindre, j’apprends qu’elle se nomme Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, et qu’elle a été fondée au début du siècle pour accueillir les immigrés qui travaillaient dans les abattoirs de Chicago. Je suis justement en train de lire La Jungle d’Upton Sinclair, un roman qui raconte l’histoire d’une familles lituanienne embauchée dans l’industrie de la viande. Je découvre le calvaire des familles qui ont vécu un siècle plus tôt dans ce quartier.
Cette vision du passé ne me quitte plus, et s’ajoute comme un calque à mes observations. À chaque coin de rue, j’imagine des bandes d’enfants déguenillés fouillant dans les décharges pour apaiser leur faim. En terme de niveau de vie et de droit du travail, Bridgeport est devenue méconnaissable en 120 ans.