David Durstewitz est un ami de Lucie. Il vit en colocation dans la maison d’Eileen, c’est lui qui organise des concerts et s’occupe du jardin. Il a travaillé à The Plant il a plusieurs années, avant de rejoindre un projet d’agriculture urbaine plus anarchique, nommé The Urban Canopy.
«Tout a commencé il y a cinq ans. Des amis ont repéré un parking abandonné le long d’un chemin de fer, au sud de la ville. C’était une vieille surface d’asphalte, de 200m2 environ, inutilisée. Ils ont tout recouvert de terre et de compost, et ont commencé à planter des légumes. Je les ai rejoints l’année suivante. La bibliothèque du coin nous a proposé de nous alimenter en eau. Une entreprise voisine s’est souvenue que ce parking lui appartenait, mais ils nous ont laissé faire : ils n’utilisaient plus cet espace et semblaient plutôt contents qu’il se passe quelque chose par ici. Nous revendons les légumes sur les marchés de Chicago : de la vraie production locale !»
David et ses amis se sont installés à Englewood, un quartier afro-américain situé au sud de Chicago. Tout au long de la route pour atteindre la ferme urbaine, je ne vois aucun blanc, latino, asiatique ou même métis. L’intégralité des passants, des commerçants et des habitants sont noirs.
«C’est le genre de quartier où on te déconseillera de te balader. Mais franchement, je viens ici depuis plusieurs années, ça m’arrive de recevoir quelques cailloux en allant travailler en vélo, mais rien de grave. Au début, les enfants venaient beaucoup me voir. Certains voulaient vraiment m’aider pour gagner quelques dollars pour leur familles. Et puis un jour, je me suis fait voler mon sac. J’étais embêté car il contenait mon insuline, je suis diabétique. J’en ai parlé à la mère d’un des enfants. Elle a fait venir la police : elle voulait leur flanquer la frousse pour qu’ils ne recommencent pas. Ça a marché : ils ne sont jamais revenus me parler.»