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Dans la bibliothèque de Nick et Lucie, je découvre Band for life, une BD qui raconte les péripéties d’un groupe de rock qui reste uni et créatif malgré les galères financières. Ce livre m’a valu quelques bons fous rires. Lucie me donne le contact de l’autrice en précisant «Anya Davidson est un pilier de la scène culturelle alternative de Chicago.»

Une fois rendue à l’adresse indiquée, une jeune femme souriante et décoiffée m’ouvre chaleureusement la porte. «Je suis désolée, c’est un peu le bazar chez moi». En général c’est une formule de politesse, mais chez Anya, c’est vraiment le bordel. Des papiers gribouillés, des esquisses, des crayonnés et des livres sont empilés au milieu de la vaisselle et des croquettes pour chat. Je me sens immédiatement à l’aise.

«Tu as aimé Band for Life ? Si tu joues aussi de la musique, je te l’offre ! » Anya fouille dans une pile de cartons. « Je fais partie de deux groupes de punk, on rigole bien. Ça m’a beaucoup inspiré pour cette BD. Une fois éditée, je me suis dit que je l’offrirai à tous les musiciens que je rencontre.»

J’ai fait des études d’art, mais j’ai vite compris que je n’étais pas adaptée au marché. Je n’ai pas ma place dans les galeries. Ce que j’aime, c’est faire de la BD, de la musique et rencontrer toutes sortes de gens. Après « Band for life », j’ai eu envie d’arrêter un temps la fiction pour faire du reportage, même si je n’ai jamais étudié le journalisme. J’ai commencé par faire une planche sur le crossfit, un truc de sport extrême ! Puis petit à petit, je me suis intéressée à plein de sujets sociaux. J’édite maintenant des reportages pour le Reader. Tu te poses des questions sur la ségrégation ? Je dois avoir quelques planches sur le sujet.

«Depuis un moment, j’explore la culture alternative à Chicago. C’est une ville très créative : les loyers sont encore raisonnables, alors pas mal d’artistes viennent s’installer dans l’Ilinois. À New York ou à Los Angelès tu dois suer sang et eau pour payer ton loyer, ici tu peux réussir à trouver un truc correct avec un job à mi-temps et avancer sur ton travail personnel en parallèle. Je fais comme toi : je vais rencontrer des musiciens ou des dessinateurs et je les questionne sur leur démarche. Ensuite je fais des podcasts que je mets gratuitement en ligne sur mon site Mindkiller.»