À la fin de La Jungle, Jurgis, le héro du roman, découvre la politique. D’abord par hasard, puis par curiosité, il se rend à des réunions socialistes. C’est ainsi qu’il rencontre Nicholas Schliemann, un professeur de philosophie qui explique sa vision d’un modèle de société idéale.
« Il n’y a qu’une seule planète Terre et les réserves naturelles sont limitées. Par contre, dans la sphère morale et intellectuelle, les ressources sont infinies et, dans ces domaines-là, un homme peut fort bien s’enrichir sans léser quiconque. (...)
(...) La société se diviserait en petites communautés autonomes où les gens se regrouperaient par affinités (...) et toutes les activités intellectuelles, artistiques et spirituelles seraient prises en charge par ces « associations libres ». Les auteurs romanesques seraient entretenus par les lecteurs friands d’œuvres romanesques, les peintres impressionnistes par les amateurs de tableaux impressionnistes, et il en irait de même pour les prédicateurs, les savants, les journalistes, les acteurs et les musiciens.
Si quelqu’un souhaitait écrire, ou peindre ou prier et s’il ne trouvait personne pour le faire vivre, il pourrait travailler une partie de son temps pour subvenir à ses besoins. Du reste, c’était ce qui avait déjà lieu, à cette différence près cependant, qu’en raison de la concurrence, les salariés sont obligés de consacrer tout leur temps à leur travail pour gagner leur pain. (...) En outre, pour le moment, les gens auxquels s’adressaient les artistes constituaient un public restreint et ils sortaient avilis et abrutis des efforts qu’ils avaient dû déployer pour s’imposer dans la bataille commerciale.
(...) On ne pourrait se faire une idée de l’essor que connaîtrait les activités intellectuelles et culturelles que lorsque l’humanité toute entière serait libérée du cauchemar de la concurrence. »