C'est une triste occasion qui m'amène en Italie cette semaine : les funérailles de mon amie Gaïa Molinari,
brutalement assassinée au Brésil le jour de Noël.
On arrive à Piacenza. On est pressé, on a dormi quelques heures, et on se trompe d'église.
Stéphanie a peur d'être en retard, et de louper la première cérémonie du funérarium.
"C'est bon, c'est pas un train qui part" dit Amandine.
Le temps est glacial et humide quand on arrive à la petite église de Rivalta.
Le clocher s'efface dans la grisaille. Des amis de Gaia ont amené des ballons multicolores.
Ils les lâchent au passage du cercueil. Les petites tâches de couleur qui disparaissent dans la brume
me réchauffent.
Dans la maison de Gaïa, on boit, on rit, on partage des souvenirs.
On écrit des lettres qui lui sont destinées, et qu'on jette dans le feu.
On veut remplacer les images morbides qui envahissent notre imagination par le souvenir
d'une jeune femme vivante, drôle et généreuse.
C'est important d'être ensemble face à la mort.
Je pense à ceux qui n'ont pas pu venir jusqu'ici.
"Quand tu regardes le cercueil, ne voies pas une boîte en bois, mais un livre qui se ferme,
et qui a touché ton âme", a dit sa mère.
Bon voyage Gaïa.
Il y a beaucoup de gens ici qui t'aiment, et qui se souviendront de toi.