Retour à Bridgeport. Morgan Richardson, une amie de Lucie, m’accueille dans un appartement impeccable aux murs couverts de broderies. « J’aime bien faire des expérimentations, travailler la glaise, la laine ou le tissu. C’est toujours surprenant la manière dont la matière réagit. »

Quand nous commençons a discuter, je me rends vite compte que Morgan est épuisée. «Je travaille toute la semaine pour une association à but non lucratif qui recueille les jeunes sans abris. Ce sont souvent des mineurs isolés qui traînent dans la rue. Ils ont besoin de lieux sécurisés où il peuvent se réfugier en urgence. Je suis censée leur proposer des ateliers d’arts plastiques, mais ils ne sont pas toujours en état de créer quoi que ce soit. Ils ont surtout besoin de parler, donc je passe la majeure partie de mon temps à les écouter, et c’est parfois très dur. Certains d’entre eux ont vécu de tels traumatismes que le développement de leur cerveau et de leur santé mentale est affecté. Le gouvernement nous aide peu et le système de placement en famille d’accueil est débordé. Parfois, on a pas d’autres choix que de ramener ces enfants à leurs familles, même quand on sait qu’elles sont terriblement violentes. Alors oui, par moments, j’ai du mal à trouver le repos.»

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