30/03/2017 08:00

Renato rencontre Rafael Donoso, dit « Cococho », après une « expropriation bancaire » : il doit déposer un butin à son domicile. Ils se reconnaissent deux mois plus tard, dans un camp de concentration. Par la suite, ils se suivent dans trois établissements, dont un camp de torture.
 
Ce monsieur souriant, coiffé d’un chapeau en tweed, vient nous chercher dans sa petite voiture noire pour visiter la villa Grimaldi, le camp de torture. Rafael est membre de l’association des anciens prisonniers et tient à nous expliquer le quotidien cauchemardesque de la Villa. « Mon frère aussi a été incarcéré. Il est mort quelques temps après sa libération, usé par les épreuves : il n’a pas supporté toutes ces horreurs. » 
 
« Il faut comprendre qu’à cette époque, on était jeunes et idéalistes, ce que l’on faisait nous paraissait juste. On agissait pour une cause. » Quand je lui demande de préciser en quoi consistaient ces actions, il y a un silence. Rafael devient sérieux et me regarde droit dans les yeux. « Moi, j’avais une aiguille, et je piquais la société pour voir si elle était bien réelle. »