15/08/2019 10:00

Comme la France, les États-Unis ont une idéologie qui prétend à l’égalité entre citoyens. Et puis, il y a la réalité : à Chicago, un blanc n’a que 2 % de chance d’avoir un voisin noir.

Étonnamment, il y avait plus de mixité urbaine à Chicago en 1900 qu’en 2019. Le racisme et les inégalités économiques ont toujours existé, mais les acteurs de l’immobilier, les institutions et les politiques publiques ont aggravé ce phénomène au long du XX°siècle. Par exemple, le programme d’aide à l’assurance habitation (le FHA) mis en place après la dépression des années 30 a favorisé les familles blanches, qui ont pu s’exiler vers des banlieues plus confortables, laissant les noirs dans les quartiers pauvres non réhabilités.

Le phénomène ne faisant que s’aggraver, deux lois ont été votées : une contre l’interdiction à la discrimination raciale sur le marché immobilier (1968), une autre pour l’égalité devant l’opportunité de crédit (1974). Mais il est difficile de contrôler leur application, et les études démontrent que les agents et les banquiers changent les offres de logement, les offres de crédit et les propositions de taux selon la couleur du client. De plus, si les agents du gouvernement fédéral jugent qu’un quartier doit être classé « à risque », il est différencié des autres sur la carte de la ville (le redlining) et ses habitants n’ont aucune chance de recevoir un prêt immobilier. Il existe donc un racisme spéculatif : la présence des noirs dans un quartier chic risquerait de faire baisser le prix du marché et on préfère donc contraindre leur mobilité, même si leurs revenus s’améliorent.

Rahm Emanuel, le précédent maire de la ville, à fermé 50 écoles publiques en un an. On retrouve dans les ghettos de Chicago les même problèmes vécus dans les cités en France : les habitants, privés de bonnes écoles et soumis à la violence, sont tirés vers le bas. Même si les communautés vivant dans les quartiers pauvres luttent pour évoluer et se développer, la ségrégation, ajoutée à l’absence de services publics, entretient la misère. Cette situation représente un coût pour l’économie du pays qui se prive du potentiel d’une partie de ses citoyens. Espérons que Lori Lightfoot, la première maire noire de Chicago élue en 2018, parvienne à briser les clivages et faire avancer le progressisme.

Mieux comprendre le probléme de la ségregation